Faut penser autrement, coco ! La Pub.

Publié le par Ma Cocotte

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Auto, boulot, dodo. Rentrer le midi, ne pas rentrer ? Pense autrement, coco ! Dans cette société où l'on tombe d'outre-consommation à l'outre-tombe en un claquement de doigt, précarité oblige, je me dois de penser aux autres.

À ceux qui ne peuvent même pas dire « auto ».

à ceux qui ne peuvent même pas dire « boulot ».

à ceux qui ne peuvent plus dormir dans un lit.

Puis à ceux qui galèrent dans les bouchons ou les transports en communs,

à ceux qui ont double voire triple boulot parce que les départs de personnel ne sont pas remplacés,

à ceux qui ne peuvent plus dormir, terrassés par le stress au travail...

 

Alors je rentre. J'ai une auto, un boulot et la seule raison qui m'empêche de dormir, c'est l'insomnie chronique.

Je rentre, sous la pluie battante de Normandie, dans mon pays à la croisée des vents. Malgré les pluies incessantes, la mer me manque.

Je rentre et je me comporte en bonne petite autruche française qui veut se convaincre que la Crise, comme le nuage de Tchernobyl, s'arrêtera aux frontières.

 

Ben nan, je n'y crois pas mais c'est une autre histoire. Aujourd'hui c'est la Pub.

 

Parce que j'ai allumé la télé, coco.

Bien évidemment, pub. Les tunnels s'enchaînent. Les émissions, les films ne sont plus que le support de promotion des pubs.

Je regarde, distraite.

 

Une femme, une fleur, un pétale de poésie ?

 

Le corps d'une femme sans tête dans un flou artistique hamiltonien.

Dis-moi, coco, dans ton bureau, là-bas, tu t'es dis que les Françaises s'identifieraient plus facilement à une femme sans tête ?

Mouais... sauf que la taille moyenne des Françaises, c'est 42, pas modèle anorexique.

Nous les femmes normales, ça nous stresse, ça nous frustre, ces modèles de représentations en sac d'os. À chaque fois, je me vois les secouer, vos graciles... et jouer des castagnettes avec leurs os...

ça me fait méchamment marrer et j'aime pas être méchante.

 

Passons. La femme arrache le pétale d'une fleur.

« J'achète un collier. »

Un second pétale est arraché, le dernier.

« J'achète un collier. »

 

L'idée est bonne. Amusante. Tout le monde sait que les femmes n'en font qu'à leur tête. Quoi qu'on puisse leur dire, elles décident et puis c'est tout. Pas vrai, coco ?

Si la raison ne suffit pas, elles vont directement à l'irrationnel, transformant la plus jolie et désuète façon de déterminer un choix à une manipulation allant dans le sens de leur décision.

Ne sont-elles pas redoutables, ces satanées bonnes femmes ?

Ne sont elles pas machiavéliques ?

 

Ah... coco... tu veux t'allonger sur le divan ? Tu veux qu'on en parle ?

Parce que la chute, coco, le slogan, le finish, le bouquet final... mais tu délires, coco !!! Non ? Mouais, t'as raison, la femme est une girouette qui ne sait pas ce qu'elle veut, qui dit blanc avec acharnement pour choisir noir au final...

 

« Pas grave, j'achète une bague. »

 

Ah oui ? Non mais oh... coco... tu as vu le prix de la bague qui s'affiche sur l'écran ?

 

499 €.

 

Allez pour faire simple, on va parler d'une femme avec un salaire, on va zapper toutes ces femmes au chômdu, toutes celles qui restent à la maison parce que ça leur coûte moins cher que de travailler, toutes celles qui galèrent avec des temps partiels, des horaires morcelés...

 

On va dire qu'elle gagne grossièrement le smic.

 

1000 €, ça te va, coco ?

 

Une femme, une fleur mais des tonnes de frustrations.

 

Ta bague, c'est un demi-salaire pour toutes ces femmes. C'est pire qu'une blague, c'est de la pure provoc.

T'en connais beaucoup qui ont les moyens d'octroyer ½ salaire à une bague ?

 

Pardon ? Tu dis quoi ?

 

C'est pas ton cœur de cible, les pauvres ?

 

Ah ben, là, c'est encore plus grave, parce que tu vois, les femmes riches, elles n'achètent pas leurs bijoux dans la grande distribution... non, non, non, trop chip, trop peuple. Où alors, juste une fois, pour ne pas avoir à mentir quand elles accordent un temps de communication relationnelle avec le petit personnel...

 

Les femmes riches, et elles ont bien raison puisqu'elles sont riches et en ont les moyens, elles favorisent l'industrie du luxe, de la marque ! Et en période de crise, ça, en France, on sait faire alors il faut qu'elles continuent, c'est très important. Ça garantit de l'emploi.

 

T'as tout faux, coco.

Faut que tu penses autrement...

 

Je serais ton boss, je ne l'aurais jamais validée, ta campagne de pub.

 

La raison ? En lisant ce texte, tu te marres, hein coco ? Tu te dis que celle qui écrit est une gourdasse, que le prix de la bague, ce n'est pas 499 € mais comme le prouve la vidéo ICI, c'est un collier à 129 €.

 

Alors quoi ? J'hallucine ? Je suis dans la gourance ? Ou bien tu as créé un nouveau spot et il n'est pas encore sur le net ? Dans les deux cas, la conclusion est la même.

 

Au final, au vrai final, peut importe... dans la pub, c'est ce qui reste qui compte. Et ce qui est resté, c'est une bague à 499 €, que le prix soit le vrai ou pas.

 

Une femme, une fleur, mille feuilles de désillusions.

 

Alors ? Comment est-ce possible ?

Parce que c'est un exemple entre mille, j'en ai plein d'autres dans ma besace. Parfois, il ne me reste rien de la pub que j'ai regardée ou bien alors, des souvenirs sans rapport aucun avec la marque.

 

Ce qui est sûr, c'est que dans le contexte actuel, tout ce qui est accolé au symbole « € » ne me fait plus rêver.

L'Euro, le fric, l'argent, objet de tous nos soucis, de toutes nos angoisses, de toutes nos insomnies...

Ça ne me fait plus rêver.

 

En partant du principe qu'il en restera toujours quelque chose, essaie d'éviter les prix, coco... ça nous ramène trop à nos soucis quotidiens.

Fais nous rêver pour de bon, donne-nous envie mais évite de nous rappeler qu'on est dans la dèche, qu'un sou c'est un sou... qu'à part gagner au loto, que nous reste-t-il ?

 

Et surtout évite de me faire penser que le pire est devant nous et que cette Crise, elle est loin, très loin d'être terminée, quoi qu'en disent les belles autruches françaises qui nous gouvernent depuis plusieurs années, de droite comme de gauche.

 

Donne nous du rêve, coco !

Publié dans Vu - lu - entendu...

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Q
<br /> Tu n'es plus là du tout...<br /> <br /> <br /> Alors, juste pour si tu reviens, je te laisse ma nouvelle adresse car ma bibliothèque a déménagé...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://www.quichottine.fr<br />
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P
<br /> Ca fait plaisir de te relire.<br />
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M
<br /> <br /> Merci Paul<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> On se sent moins seul quand on lit ça. Ya qui disent "mrntalité de perdants"... Qu'ils aillent se faire foutre !<br />
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M
<br /> <br /> Yep, qu'ils y aillent !!!!<br /> <br /> <br /> <br />
Q
<br /> ... Que dire ?<br /> <br /> <br /> C'est vrai que ce n'est pas simple aujourd'hui de continuer à rêver...<br /> <br /> <br /> Mais parfois, il suffit de fermer les yeux en regardant les nuages...<br /> <br /> <br /> Ferme les yeux... Oui, comme ça !<br /> <br /> <br /> Tu as vu ? Là-bas, au milieu du ciel, de notre ciel tout gris et pluvieux de ce 14 décembre, il y avait un tout petit morceau de ciel bleu.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un sourire pour toi... et, tu vois, non, je ne me cache pas la réalité, elle est toujours là. Mais je veux croire qu'il est encore possible de vivre avec elle en conservant ses propres rêves...<br /> <br /> <br /> Passe une douce soirée.<br />
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M
<br /> <br /> Mmm... j'ai ma part de rêve, Quichottine mais comme dit ce mec, pilier de bistrot devant l'Eternel, au Café du bout de la rue :<br /> <br /> <br /> "Quand je vois ce que je vois et que j'entends ce que j'entends... ben Merde alors !..."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />