Poème : Sonnet
Quand nos cheveux seront, pour de vrai, enfin blancs
Et que le souvenir du temps où j’étais belle
Eclairera tes yeux d’une douce étincelle,
Aurons-nous été heureux, heureux tout le temps ?
Ces jours nous verront-ils sourire comme des enfants ?
Aurons-nous savouré nos corps qui s’entremêlent,
Nos désirs impatients, nos yeux qui s’ensorcèlent
Et serons-nous assis, sur ce banc, tendrement ?
Qui peut le dire ? Peut-être serons-nous à jamais indécis
Et le temps de l’amour vieillira sans un bruit,
Vieillira comme nous, sans peine ni chagrin…
A la parfin l’Amour nous tournera le dos.
Pour aimer point besoin d’attendre le repos :
Je veux aimer ce jour sans attendre demain.
(c) Coquecigrues-billevesées. Si vous souhaitez utiliser ce poème, contactez-moi par commentaire, merci (ou au moins citez mon blog :)).
(Ill.: source Gallica)
Clin d’oeil à Ronsard, inspiré par le Sonnet XXIV pour Hélène, 1758.
Mes rimailles n’ayant nulle prétention d’égaler les vers mon maître, je vous donne son sonnet, orthographe modernisée. Ce matin, à l’aurore, je songeais au temps qui passe et au temps perdu que l’on ne rattrape jamais. Le sonnet m’est revenu en mémoire. J’ai écrit.
Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. »
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et fantôme sans os
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.