Jardinage à l'ancienne : 2. Des amendements et des engrais

Publié le par Ma Cocotte

 

« Tous les mois, je copierai les bons conseils d'un vieux livre précieux sur le jardinage à l'ancienne ! Références du livre tout en bas, issu de ma petite collection et non, je ne veux pas le vendre parce que mes livres, je les aime et puis c'est tout !!! Ayant déniché celui-ci depuis peu, je l'ajoute à l'autre référence, qui donnait des conseils bien plus sommaires. Si vous avez des questions, allez-y, j'essaierai de trouver la réponse. J'avoue que moi-même je ne connais pas tout ça. Appréciez le style 19e, c'est jubilatoire. »

 

2. Des amendements et des engrais.

 

Amender un sol, c'est en modifier la composition actuelle de manière à la rendre propre à abriter, à soutenir les racines des végétaux, et à leur fournir l'humidité convenable. Sous ce rapport, les terres composées ou composts sont de véritables amendements, en tant que le mélange n'admet point d'engrais. Ceux-ci diffèrent donc des premiers, parce qu'ils introduisent, dans la terre, des matériaux dont les plantes peuvent s'assimiler les éléments qui y portent l'excitation et la vie. Les amendements sont infiniment plus importants dans la grande culture que dans le jardinage, où ils consistent presque uniquement dans les quelques mélanges que nous avons indiqués. Le principe général qui domine dans cette pratique est d'ajouter à la terre les matériaux qui lui manquent pour la rendre parfaitement meuble. Est-elle forte, compacte, humide, ce qu'elle doit à la surabondance de l'argile, l'addition d'un sable grossier, siliceux, y portera une division favorable qui la rendra perméable à l'humidité et à l'influence de la température. Est-elle sableuse à l'excès et par conséquent sèche et brûlante, l'argile viendra lui donner la cohésion qui lui manque. Enfin, si l'élément crayeux y est prédominant au point de la rendre peu fertile, on atténuera cet inconvénient en y mêlant de l'argile et du sable. C'est à l'intelligence du cultivateur à le guider dans les proportions à employer, et qui sont subordonnées aux éléments composant le sol sur lequel il agit.

Les engrais sont la chose la plus importante dans la culture horticole ; on peut même dire qu'il n'y en a jamais assez dans le jardin potager. C'est à eux et à l'eau que les maraîchers de la capitale doivent l'étonnante fécondité du sol qu'ils exploitent. On préfère pour engrais les fumiers d'âne, de mulet, de cheval et de vache, effectivement indispensables dans de certaines pratiques ; mais il y a une foule d'autres substances qui fournissent d'excellents éléments à la fumure des terres. Ainsi, outre les fumiers désignés plus haut, la fiente des pigeons, des volailles, des lapins, des moutons, des porcs, toutes les substances animales, comme chair, sang, entrailles, poissons, cornes, poils, plumes, rognures de cuir, chiffons de laine, etc., les matières stercoracées [1] humaines ; tous les détritus végétaux, comme tourteaux de graines oléagineuses, de betteraves, marcs de raisins, de pommes, de poires, la paille, les chaumes des céréales, les bruyères, les genêts, les fougères, les joncs, les plantes aquatiques des rivages de la mer, des fleuves et marais, la tourbe, les mousses, les tontures de jardins, les mauvaises herbes sarclées, les feuilles tombées des arbres, les écorces, le tan, la sciure de bois, les foins et les gazons pourris forment la base de très-bons engrais. Les balayures des rues et des routes, qui sont connues à Paris sous le nom de gadoue, et tiennent en mélange des matières animales et végétales, fournissent encore une fumure très-utile.

Les substances que nous venons d'énumérer ont une action différente en énergie. C'est pourquoi il est généralement préférable d'employer en mélange celles dont on dispose, à l'exception des fumiers proprement dits et des feuilles qui reçoivent ordinairement une destination particulière. Ceux-ci sont conservés en tas que leur enveloppe pailleuse garantit à peu près de l'action dissolvante de l'air, mais pas assez de celle de la pluie, qui en dissout les principes les plus solubles et par conséquent les plus appropriés à la nutrition des plantes. Quant aux autres, on les dispose aussi en tas, pour qu'une fermentation en facilite la décomposition, et on rend le mélange plus intime en les remaniant de temps en temps. Ces tas sont conservés plus ou moins, selon la nature du terrain auxquels ils sont destinés. Il est en effet bon de remarquer qu'en outre de la propriété qu'ont les engrais de fournir aux terres des éléments nutritifs, ils agissent encore d'une manière mécanique qui n'est pas à dédaigner. Ainsi on aurait tort d'appliquer sur un terrain froid et compacte un engrais trop consommé et à molécules trop ténues, tandis qu'il est très-convenable sur un sol léger et sableux dont il augmente la cohésion. Il faut donc, sur les terres argileuses, un fumier pailleux ou un engrais contenant beaucoup de détritus végétaux non décomposés et qui en diminuent la compacité ; et sur une terre légère, sableuse, un terreau très-consommé ou un engrais dont la décomposition déjà complète n'ajoute pas à la perméabilité du sol. Toutes les substances mises en tas, pour en provoquer la fermentation, on besoin d'être arrosées si elles sont trop sèches, parce que l'humidité est un agent de décomposition, et on active encore celle-ci par l'addition d'une petite quantité de chaux vive.

Le terreau est l'état auquel se réduisent les substances végétales et animales qui ont éprouvé, sous le contact de l'air, une fermentation plus ou moins active. Il est noir, léger, élastique, avide d'eau à cause de sa porosité, et contient une assez forte quantité d'acide carbonique et d'azote. Il est très-propre à la nutrition des plantes, par les nombreux éléments d'assimilation qu'il leur présente ; mais son effet est de courte durée. Il provient de la démolition des couches et se conserve en tas. On l'obtient en enlevant toute l'épaisseur de la terre qui couvrait les couches, et sous laquelle il se trouve dans un état plus ou moins avancé de décomposition. Le terreau est très-employé pour les semis des plantes potagères et d'agrément : dans ce cas, il doit être criblé pour atteindre l'état de ténuité convenable et être mélangé en proportions diverses à de la terre franche. Quand on l'emploie à terreauter les planches emblavées, on lui conserve tous les débris pailleux auxquels il est mêlé.

 

[1] Stercoration n.f. (du latin stercus, oris, excrément). Production des matières fécales. In Nouveau Petit Larousse Illustré 1932. Note de la copiste.

 

 

Ce texte est extrait de :

Le Jardinier pratique ou Guide des amateurs dans la culture des plantes utiles et agréables contenant les jardins fruitiers, potagers et d'agrément augmenté de la composition des jardins et de la culture des plantes de serres et d'appartement par M. H. Rousselon avec la collaboration de MM. Jacquin, Bocquart, Noisette et Vibert. - Illustré de 200 gravures sur bois. - Paris : Théodore Lefèvre et Cie, [circa 1860, peut-être, je ne suis pas sûre].

 

Illustration du composteur avec la trappe inférieure retirée trouvée ICI.

 

Publié dans Jardinage

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