Ma Cocotte en a plein les bottes : 2e partie

Publié le par Ma Cocotte

 

12 h 03 exactement. Entre mon taff et l'appart', juste le temps de griller une clope. Flash back. Depuis plusieurs semaines, le thème de mon énervement du jour est récurrent.

Ils arrivent, c'est rangé et propre.

Ils s'installent pour une semaine, investissent les lieux, se les approprient et s'étalent...

Ils m'ont manqué alors je ne dis rien.

Des semaines et des semaines que cela dure. Des semaines que je leur demande gentiment de ranger, des semaines que quelques explosions instantanées se produisent parce qu'au dernier moment, on ne trouve ni ci ni ça, parce que c'est le bazar, parce qu'ils ne rangent rien.

Des semaines que pour l'exemple ma chambre est rangée nickel. Ouf.


En 3 minutes, je prends ma décision.

Lundi je le fais.


Je respire un grand coup avant d'ouvrir la porte.

Hier soir, le petit m'a demandé de le réveiller ce matin « comme pour aller à l'école » et promis qu'il rangerait sa chambre.

Avant même d'entrer j'utilise le conditionnel.

À 10 heures ce matin, je l'ai appelé pour prendre de ses nouvelles. La voix ensommeillée. Il venait de se réveiller, peut-être. Bruit de fond : la télévision.


Oui, je culpabilise. Oui, j'aimerais être avec lui tous les mercredis. Non, je ne peux pas. Oui, je travaille.

Tant pis. J'ai pris ma décision. Lundi, je vais le faire.


AAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


JE VAIS LE FAIRE.


Respire, chérie, respire. Tranquille. Bin voyons, c'est pas tous les jours faciles d'être tranquille. Ah non alors.

J'enlève mes chaussures, les range puis ouvre.


Loulou, 10 ans, ma fripouille, vient me caliner, ébourriffé, pas lavé et fagoté comme l'as de pique. De la poussière partout sur le pantalon. J'entre dans le salon. Pareil sur le canapé. De la poussière. Son jeu d'archéologue.


Couloir. De la poussière. Un chemin de poussière jusqu'à la porte de sa chambre soigneusement fermée.


J'ai dit bonjour, rendu le calin et me suis tue. Silence.

Je ne peux pas faire pire.

Je regarde, fais le chemin à l'envers, le regarde, fixe des yeux son pantalon et le canapé.

Il se tait aussi et fait le nécessaire.


(Tiens, il sait où sont rangées la pelle et la balayette.)


Salle de bains : remplir une machine, la faire tourner.

WC : haussement de sourcils, appel de Loulou, doigt en direction de l'objet du délit. Toujours en silence.

Cuisine : eau à chauffer.

Évier : commencer la vaisselle des gros morceaux. Je mettrais bien le lave-vaisselle en route mais je ne peux pas avoir plusieurs ustensiles d'électro-ménager en même temps : ça fait sauter le compteur.


Retour du collège de Ma Douce.

J'entends et je devine que Loulou la chope, l'emmène dans sa chambre et ça conciliabule à voix basse. Je continue à laver la vaisselle.

Ma grande arrive : « Je peux t'aider  ? »


AAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

JE VAIS LE FAIRE ! LUNDI JE VAIS LE FAIRE !!!!!!!!!!


(M'aider ??????? Non mais tu as vu l'état de ta chambre ???????? Tu vois pas que je suis en train de laver la vaisselle ? Ca t'arracherais le bras de prendre un torchon pour l'essuyer ???)


« Bof... Ca se lave pas à deux la vaisselle. »


Elle reste immobile derrière mon dos. Mes silences les déstabilisent tout le temps. Je dois avoir un visage et une voix expressifs, ça doit être ça. Miracle, elle prend un torchon propre.


(Tiens, elle sait où se rangent les torchons propres).


Elle papote. Tout à coup, ma discrète se fait bavarde. Elle me raconte sa matinée, et entre la difficulté pour se concentrer en cours d'allemand et un imbécile qui se balance sur sa chaise sans arrêt elle me balance :


« Je pourrais peut-être t'aider pour le linge cet après-midi ? »


Pas de collège et rien de prévu. Ne jamais refuser une main tendue. Jamais. On se met d'accord. Je rappelle les consignes. Je me résigne à retrouver du linge « qui n'y va pas » dans le sèche-linge. Pas grave, c'est matériel. Bien plus important qu'elle prenne conscience qu'il est hors de question que je me transforme en la bonniche de deux tyrans de 10 et 13 ans.


Repas. Ils sourient. J'ai une de fois de plus (Une fois de trop ?) fait le repas à la demande, selon leurs préférences.

Ma Douce : pâtes, saumon fumé, oeuf présenté joli dans sa demi-coquille (Mais là, c'est elle qui l'a fait... miracle)

Loulou : pâtes, lardons.

Ma Cocotte : pâtes, saumon fumé.


Voilà, le « à la demande » ne me demande pas trop d'effort ce midi.


Le petit se rue sur la nourriture. Je n'aime pas. Je ne suis pas servie.


« Y a rien qui te gêne, là, chéri ?
- Oups, pardon, M'man. »


Il s'arrête direct, attend. On se souhaite un bon appétit un peu tendu mais tant pis et zou.


Entre deux, il a fallu que je demande à ma fille de ranger la vaisselle essuyée qui lui trônait devant les yeux sur la table, puis à mon fils de mettre le couvert, j'en ai profité pour faire le tri dans le frigo.


En silence.


« Ca va M'man ? » Demande Loulou, un brin inquiet. Je parie qu'il se demande si je me souviens de sa promesse de ranger sa chambre ce matin.


(Oui je m'en souviens et non, tu ne l'as pas rangée. Une fois de plus, une fois de trop. Combien d'heures à dialoguer sur la partage, l'implication de chacun dans les tâches ménagères, le sens du mot famille. Pff... combien de temps passé ???)


Silence. Je réponds un peu fraîchement, pour tout avouer.


« Très bien et toi ? Tu as passé une matinée tranquille ? »


Après c'est le repas. Assez détendu, somme toute, je ne suis pas un monstre. Mais l'heure tourne. Ma Douce et moi, nous débarrassons. Loulou traîne, comme d'hab. Je lui donne des consignes : finis de débarrasser ton couvert, vérifie le contenu de ton sac de basket, lave toi les dents et habille toi, s'il te plaît.


Je m'en vais mettre le linge à sécher.


Heure de partir.


Il n'est pas prêt. Il joue.


Je dois finir de débarrasser le couvert, le houspiller, le presser.



AAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

JE VAIS LE FAIRE ! LUNDI JE VAIS LE FAIRE !!!!!!!!!!


Lundi, je le fais. Craché, juré, je le fais.


Nous partons après avoir embrassé Ma Douce qui me dit calmement :


« Je suis trop nase mais bon, je vais ranger ma chambre... »


Mouais. Bin permets-moi de réserver mon opinion.


De toutes les façons, ça m'est bien égal, ma poulette, parce que lundi, je vais le faire. Et toc !


Si, j'en suis capable, dussé-je en pleurer toute la nuit. Je vais le faire et puis c'est tout.


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Publié dans Ma Cocotte

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C
MAIS TU VAS FAIRE QUOI ?!!!c'est vrai, ça , quoi! c'est insoutenable!
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P
Bah, je les ai rendus aussi ! mais au bout de 4 mois... tu as tenu combien de temps ?
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M
<br /> *pique un fard*<br /> au premier calin yeux humides et pardon de loulou "je recommencera plus, m'man"<br /> euh...<br /> une heure ?<br /> <br /> <br />
P
Je les ai pris les sacs poubelle... une fois... mais j'avais prévenu que je ne jetais pas le contenu...  c'est juste resté 4 mois dans ma chambre. Ils s'en souviennent encore.
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M
<br /> je l'ai fait une fois.<br /> mais j'ai craqué.<br /> j'ai rendu les sacs :s<br /> <br /> <br />
S
Moi aussi suis seul avec une paire d'affreux, 3 et 5 ans ; c'est moi le chef.
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M
<br /> Voilà. Tu as tout dit.<br /> Je ne suis pas le chef.<br /> :s<br /> <br /> <br />
Q
Oui, on le dit... cent fois...Et on ne le fait pas.
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M
<br /> J'ai du le dire mille fois :)<br /> <br /> <br />