Un tableau, une question : Delaroche, une réponse

Une réponse :

A son regard, on comprend qu'il lui fait une déclaration d'amour. Le titre du tableau est : Lippi chargé de peindre un tableau pour un couvent devient amoureux de la religieuse qui lui servait de modèle. Lippi, qui vivait au XVe siècle, épousera la religieuse après l'avoir poussée à s'enfuir du couvent.

C'est-y pas mignon ça ? Épisode ou anecdote, en tous les cas, tout à fait représentatif du courant romantique : de l'interdit, du frisson, de l'amour...

La posture de l'homme, en fait le peintre Lippi, est très douce, protectrice. Je l'entends presque lui murmurer à l'oreille : « Ça va aller, ne t'inquiètes pas, ça va bien se passer. » Elle, les yeux baissés, semble tenter de maîtriser son émotion. Est-ce le moment où ils se sont déclarés leur amour ? Peut-être. Ou alors celui où ils décident de vivre ensemble, de s'enfuir ensemble ? Et notre peintre, Delaroche, quelles furent ses motivations ? Outre le fait que les thèmes romantiques étaient très à la mode, je ne peux me résoudre à accepter cette seule explication. Nous savons que Delaroche aimait son épouse d'un amour intense et c'est cela que je veux garder. Je veux croire que Delaroche a voulu immortaliser son amour pour son épouse dans cette toile en s'appropriant l'amour que Filippo Lippi portait à sa femme.

Quelle histoire extraordinaire que celle du peintre italien Lippi qui, au XVe siècle, a bravé toutes les convenances, les règles, les interdits pour vivre au grand jour son histoire d'amour. Car Lippi était une homme religieux au couvent de Carmine à Florence avant de devenir peintre. Peu de temps pour tout dire, car il renonça au couvent et mena une vie assez mouvementée et surtout, il devint peintre. Il rencontre son aimée à Prato en 1456. Elle-même vivait au couvent. Il s'enfuient ensemble, prenant tous les risques. Le pape Pie II, plus tard, les libérera de leurs vœux et ils purent légaliser leur amour. Ça donne à rêver : quel courage, quelle force de caractère en plein XVe siècle. J'adore.

J'ai toujours pensé que la vraie liberté, le vrai courage ne peuvent s'exercer que dans la contrainte.

Paul Delaroche : Philippo Lippi, chargé de peindre un tableau pour un couvent, devient amoureux de la religieuse qui lui servait de modèle, 1822

65.2 x 50.5 cm. Dijon, Musée Magnin

La question se trouve ICI.

Paul Delaroche : Philippo Lippi, chargé de peindre un tableau pour un couvent, devient amoureux de la religieuse qui lui servait de modèle, 1822

65.2 x 50.5 cm. Dijon, Musée Magnin