Mille-feuilles d'andouille & de pommes, au cidre, flambé au calva

Publié le par Ma Cocotte

Hier, mon coq a ri... des yeux, du coeur et du corps. Le big fou rire. Et pour finir il me dit : « S'te plait, fais-en une tranche de vie pour ton blog... » Argh... Comment refuser ?

C'est donc un texte pour nous deux. Pas pour vous. Et toc !!!! J'en ai rajouté un brin pour le faire rire à nouveau. Ceusses que ça ferait pas rire et qui n'aiment pas lisent pas et puis c'est tout et toc !






Monsieur Coq s'en vient cocoricosonner à la grande joie de sa dame Cocotte.

« Coucou chéri, ça roule? », dit l'effrontée sans même lui laisser le temps de la saluer.

« Tranqs, comme d'hab et toi ?

-Nickel chrome, ça roule. Alors, t'as fait quoi c't'aprèm' ?

-J'ai testé une nouvelle recette.

-Oh oh !!!!!!!!!! Raconte !!!!!!!!!!! C'est quoi, c'est comment, je veux tout savoir !!! » intime la poulette par la gourmandise attisée.

« Doucement, respire, chérie... c'est un mille-feuilles d'andouille et de pommes flambées au Calvados, sauce à la crème et au cidre.

-Waouuuuuuuuuhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Mais c'est total cul-blanc*, çà, chéri. Raconte-moi ta cuisine... »

Déjà les papilles gustatives en émoi la poulette.

« D'abord tu prends des vraies pommes, hein, pas des pommes industrielles. Des belles pommes... et tu les pèles. Ça va, tu suis ?

-(groumph) Bin, oui, banane, jusqu'ici c'est pas trop dur.

-Attention, c'est pour faire des rondelles, pas des petits carrés ni des lamelles, alors tu fais attention, tu les coupes pas en quatre.

-Ah bon ? Bin non, y a que les cheveux que je coupe en quatre, moi. Dis comment tu fais pour enlever les pépins du milieu si y a pas le droit de les couper ?

-(silence un brin consterné, yeux écarquillés) ... Ben tu les évides. T'enlèves l'intérieur, enfin, cocotte !!!!

-Ah oui avec le machin qu'est long et rond, là, tu le plantes dedans, tu sais, comme ceux qui prélèvent des carottes dans la banquise pour analyser la composition de l'eau et de l'air depuis au moins la préhistoire. Dis, tu sais que c'est fascinant, quand même les carottes de banqui...

-Oui oui oui.... Pommes !!!! pas banquise, Cocotte !!!

-Euh... oui, chéri, pommes, donc je pèle mes pommes et je fais des rondelles. Mais quelle épaisseur ?

-Ben normal.

-Mais c'est épais comment, normal, nan, parce qu'on peut pas faire n'importe quoi, là, c'est sérieux !!! »

C'est là qu'il commence à capter que nous avons sombré dans la quatrième dimension, porte ouverte sur le grand n'importe quoi et son rire atteint ses yeux avant même de s'exprimer.

« Epais comme ça doit être... alors tu les fais revenir dans la poêle avec du beurre, légérement, jusqu'à ce qu'elles soient bien dorées.

-Eh voilà... ! Et tu te demandes pourquoi j'ose pas cuisiner ? Mais tu réalises à quel point cette phrase, toute anodine qu'elle puisse paraître, est à ce point anxyogène ??? Combien de beurre ? Du doux (Beurk, hérésie) ou du demi-sel ? Une noix ou une cuillérée ? Et légèrement c'est quoi ça ? Feu doux ? Longtemps, pas longtemps ? Et si ça crame, hein ? Et si je les casse hein ? C'est super dur comme recette...

-(silence estomaqué) Mais non, ma douce, c'est facile, tu laisses aller. Pourquoi tu te poses toujours toutes ces questions ? En douceur, toujours en douceur tant que tu saisis pas. C'est pas compliqué, la cuisine, toujours en douceur tant que tu saisis pas...

-Ah oui ? Ben j'ai beau être une sorcière, on a déjà atteint le niveau de risques number five, je te le dis... Bon en supposant que j'ai réussi à pas les casser, pas les brûler, pas les transformer en compote... après ?

-Tu les flambes au Calva.

-Waouhhhhhhhhhhhhhh ! Ah oui ben faut que j't'en amène du vrai d'chez moi, alors.

-Euh... chérie ? JE vis en Normandie, cul blanc !

-Parigot tête de veau ! Ouais, bien sûr, mais t'es pas Normand, et toc !!! ça, le flambage, je sais !!! (fiérote) même qu'il faut verser l'alcool dans une 'tite casserole mignonne, faire chauffer, approcher l'allumette et quand ça flambe verser sur la nourriture. J't'en bouche un coin, là !

-Pfffffffffff....... !!!!!!!! Mais non, tu verses dans la poêle et t'as même pas besoin d'allumer, ça s'enflamme tout seul...

-Oui mais moi, comme ça, j'ai failli mettre le feu à ma cuisine !!!

-Hein ???

-Yep, j'avais oublié d'éteindre la hotte aspirante !!!

-(éclat de rire non retenu) T'es pas croyable toi...

-Bon, je t'écoute. Supposons que je n'ai pas cassé les pommes, ni cramé, ni rien et que j'ai réussi à les faire flamber ?

-Tu pousses la poêle du feu. Dans les assiettes, tu poses délicatement une rondelle de pomme, une tranche fine d'andouille, une rondelle de pomme, une tranche d'andouille, ainsi de suite... jusqu'à 6 centimètres environ.

-Ok. Ça, ça roule, je crois que j'y arriverai.

-(moqueur) mouais... t'essaie de pas te brûler...

-Pffff... après ?

-Tu éminces très finement une échalote.

-(grimaçante) Faudrait que j'ai un couteau qui coupe.

-Puis tu la fais blondir.

-Et comment je sais que c'est blondi hein ? Moi je reste plantée devant et j'ai toujours peur de trop cuire et pas assez. C'est pas une science exacte, la cuisine, dis-donc, y a beaucoup trop de paramètres incontrôlables...

-(rires) Oui, oui. Bon, tu m'écoutes, oui ???

-Oui, je t'écoute, je n'écoute que toi.

-Après, hors du feu, tu ajoutes un verre de cidre doux.

-Quoi ???? tu as dit quoi là ? Du cidre DOUX ???? Hérésie !!! Crime lèse-cul blanc. Tu veux m'empoisonner c'est ça ??? Du cidre bouché d'la ferme, du brut, du vrai, du pur, du dur, oui, voilà ce qu'il faut à ta recette !!!.

-(Rires) C'est ça, cocotte... après tu verses la bonne crème fraîche bien épaisse spéciale culs blancs et tu laisses fondre tranquillement, en prenant ton temps. Faut surtout pas cuire la crème ni la faire tourner.

-Mmmmm....... J'ai faiiiiiiimmmmmmmmm.....

-Elle se calme, la dame, oui ? Après tu verses la sauce sur les mille-feuilles et tu savoures. Et si c'est réussi je t'épouse... (moqueur)

-Et si tu rates tu reviens quand même en deuxième semaine. Ok, ça roule.

-Et toi, t'as mangé quoi ce soir ?

-Moi... ? Oh mais chéri, depuis que je te connais, je t'écoute : la bonne bouffe, le raffiné, le pas tout cuit tout prêt. Aujourd'hui, tu peux être fier de moi, j'ai fait de la vraie cuisine, un vrai repas.

-Ah oui ? (mi-curieux, mi-méfiant) Et c'était bon ? Vas-y raconte !!!

-Eh bien, je reconnais que ce fut très difficile, si, Môssieur. J'ai fait preuve de persévérance. Oui.

-Mais raconte !!!!

-D'abord, j'ai choisi une casserole. Périlleux, le choix de la casserole. Faut pas se planter. On ne fait pas bouillir de l'eau comme ça, en prenant une casserole au hasard, non, môssieur. Donc, je l'ai choisie avec soin puis je l'ai emplie d'eau. Ensuite, je me suis forcée à ne pas sortir de la cuisine, si !!!!

-(rire)

-Et j'ai réussi : je n'ai pas rêvassé, ni lu le journal, ni fait les mots croisés du Monde, ni papoté au téléphone. Ah non alors, pas question de me retrouver devant une casserole vide et noircie d'avoir trop bouillie, cette fois-ci. J'ai tout bien fait comme il faut !!!

-(rires successifs)

-Enfin, elle a bouilli. Ben c'est long !!! Comme si j'avais rien d'autre à faire. M'enfin, qu'est-ce que je f'rais pas pour que tu sois fier de moi, hein... ? Donc, quand y a eu les gros bouillons, j'ai mis un petit peu d'huile et du sel, J'ai pris le paquet de pâtes et j'en ai dosé une pleine poignée, luttant contre les affres du questionnement. Ben oui, comment on sait qu'il y en a assez, des pâtes, hein ??? Y a même pas les graduations « pâtes » sur mon verre doseur.

-(première roulade hilarante dans le canapé, Môssieur est bon public).

-Ensuite, je ne suis toujours pas sortie de la cuisine, non. J'ai lutté contre l'envie irrépressible d'aller surfer sur le net ou bouquiner. J'ai attendu, attendu et attendu encore. Enfin, les pâtes ont eu l'air prêtes. Là, l'angoisse monte, le stress atteint son paroxysme car c'est l'instant fatidique où tu dois les verser dans l'égouttoir. Sans me brûler !!!! Concentrée comme tu n'imagines même pas, j'ai réussi. Zéro brûlure, oui, Môssieur, je peux le faire et je le prouve.

-(fou rire)

-Puis vint le terrible instant du choix : plantée devant le placard à bocaux, je fais tournoyer chacun d'eux avant d'opter pour une sauce... Argh... Tant de choix, de saveurs apprêtées différentes, quelle angoisse. Après bien des hésitations, j'ai choisi la sauce aigre-douce. J'ai parlé tout doucement à mon petit bocal pour qu'il ne résiste pas à l'opération décapsulage. Délicat, ça... oh oui, ô combien délicat. Je l'ai eu par surprise, tu vois. Je l'ai retourné au beau milieu d'une phrase, une grande claque sur le cul et rebelote dans l'autre sens, et sans lui laisser le temps de réagir, d'un coup sec du poignet je l'ai ouvert !!! Si tu m'avais vue. Houlala... !!! En transe, en sueur mais finalement victorieuse. Ensuite, j'ai trouvé le bol adapté à la prochaine opération, versé la sauce dedans, recouvert d'une petite assiette à dessert

-(roulé boulé dans le canapé les larmes aux yeux, en rit à s'en péter la rate).

-Délicat tout ça. Oh tu peux rire... Je te prends au défi quand tu veux. Or donc, me voilà à déterminer la température à programmer sur le micro-ondes et le temps de cuisson à la seconde près. Et oui, Môssieur, je fais dans la cuisine high-tech, moi, je fais pas dans l'approximatif, dans le sensitif, dans le « légèrement », « doucement », moi je fais dans les deux fois une minute trente et tu touilles au milieu et puis c'est tout. C'est pas anxyogène, ça. Une fois ma délicieuse sauce réchauffée, je l'ai versée sur mes pâtes et j'ai dégusté le tout avec joie et bonheur car je pouvais me dire en toute honnêteté :


« C'est moi qui l'ai fait !!!! »






*Cul-blanc, pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, c'est le petit surnom des Normandes et Normands. Et c'est SANS commentaires ou je sors la Kalachnikoff !!!!!!!!!!! Cappicci !!!!!



Illustration.

Publié dans Ma Cocotte

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Q
Et si je suis morte de rire avant, tu me tues quand même ?????... délicieux vos échanges à tous les deux !
Répondre
M
<br /> nan, je te tue pas.... ;) sinon je ne pourrai plus aller te lire !!!!<br /> <br /> <br />
S
On n'a même pas le droit à un petit bout alors ?
Répondre
M
<br /> Ah oui mais faut pas le dire, hein ? tu peux faire la recette conçue rien que pour moi. Succès garanti !!! :D mais chut, hein...<br /> <br /> <br />