Giotto, la fuite en Egypte : un tableau, une question
La Fuite en Égypte, v. 1303-1305. Giotto (v. 1267-1337). Fresque. Padoue, Chapelle Scrovegni.
Marie et Joseph fuient Bethléem pour l'Égypte car Hérode 1er, roi de Judée, a ordonné qu'on tue Jésus. Les peintres ont souvent représenté cet épisode en plaçant Joseph derrière l'âne. Ici, c'est lui qui montre le chemin à l'animal. Mais qui montre le chemin à Joseph ?
(Une Année au musée. - Réunion des Musées nationaux ; Mango jeunesse, 1998.)
Évangile de Saint Mathieu :
« Après leur départ, voici qu’un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit : «Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse ; car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr ». Et lui se leva, prit l’enfant et sa mère de nuit et se retira en Égypte. Et il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplit ce qu’avait dit le Seigneur par le Prophète : « J’ai appelé mon fils d'Égypte» (Évangile selon saint Mathieu, ch. 2, versets 13 à 15, le Prophète dont parle St Mathieu est Osée, ch. 11 V.1 et s.).
illustration : Portrait de Giotto.
Giotto di Bondone, peintre et architecte italien (Colle di Vespignano, dans le Mugello, 1266 – Florence 1337).
Peut-être élève de Cimabue et auteur probable du cycle de la Vie de saint François à Assise, basilique supérieure, il a exécuté les fresques de la Vie de la Vierge et du Christ à la chapelle Scrovegni de Padoue (v. 1303-1305), son chef-d'œuvre, des fresques à S. Croce de Florence, etc. Par l'ampleur de sa vision, par ses recherches de volumes et d'espace, il apparaît comme l'un des principaux créateurs de la peinture occidentale moderne. Il commença la construction du campanile de la cathédrale de Florence.
In Le Petit Larousse illustré 1992.
Comme le dit Biavili, le XIVe s. ne connaît pas encore la notion d' »artiste ». Giotto est un artisan architecte et un peintre au génie qui s'ignore. Bien qu'il ne soit pas ainsi considéré, ses contemporains ne s'y trompent pas puisque Dante en personne lui rendra hommage.
La période de la Renaissance, en art, est tacitement datée vers 1400 en Italie. Bien avant, elle eut ses précurseurs. Giotto fut l'un d'eux, un siècle plus tôt. J'aime à lui préférer le titre de « Transgresseur ». Si l'on avait devant les yeux l'éventail de ses œuvres, celles où il transgresse les habitudes, les tenus pour acquis vous sauteraient de suite aux yeux. Enfin, non, pas de suite car l'évolution a commencé par les décors. Giotto en arrière-plan peint la nature et ses paysages. Il accorde plus d'importance aux personnages qui commencent à s'étoffer et à perdre de leur raideur. Cela semble si naturel à notre œil contemporain mais pourtant, c'est un vrai changement.
Avec cette évolution, la perspective va devenir de plus en plus importante dans la composition des tableaux. D'abord centrale, elle se fera plus fantaisiste au fil des ans.
La chapelle des Scrovegni est d'une rare beauté. Je le dis de confiance ne l'ayant admirée que dans les livres. Je remercie ici la Médiathèque publique de ma ville qui me donne accès aux somptueux ouvrages des Éditions Citadelles & Mazenod.
C'est dans cette chapelle somme toute assez modeste que Giotto va exprimer son talent. Couleurs, expressions des personnages, composition de la fresque qui raconte à livre ouvert.
Si vous avez eu la chance de la visiter, parlez-m'en... comme m'en parlent Baron & Baron dont j'ai dévoré le récit avec délectation.
Il est une autre œuvre de Giotto qui me séduit, c'est Le baiser de Judas. J'en ai lu l'analyse chez Remigin07 ; Korrigan également nous parle de Giotto.
Le tricheur à l'as de carreau de La Tour : la réponse / Giotto : la réponse.