Jardinage à l'ancienne : 3. Eau & arrosements

Publié le par Ma Cocotte

 

« Tous les mois, je copierai les bons conseils d'un vieux livre précieux sur le jardinage à l'ancienne ! Références du livre tout en bas, issu de ma petite collection et non, je ne veux pas le vendre parce que mes livres, je les aime et puis c'est tout !!! Ayant déniché celui-ci depuis peu, je l'ajoute à l'autre référence, qui donnait des conseils bien plus sommaires. Si vous avez des questions, allez-y, j'essaierai de trouver la réponse. J'avoue que moi-même je ne connais pas tout ça. Appréciez le style 19e, c'est jubilatoire. »

 

3. De l'eau et des arrosements.

 

L'eau est un des agents indispensables de toute végétation. Il est rare qu'elle soit dans un état parfait de pureté, elle contient presque toujours des sels ou des gaz qui la rendent plus ou moins propre à l'alimentation végétale. L'eau de la pluie est considérée comme la meilleure pour les arrosements, il faut donc mettre tous ses soins à la recueillir. Après elle, vient l'eau courante des rivières ou ruisseaux coulant à ciel découvert. Plus l'affluent est considérable, plus l'eau est de bonne qualité, tandis que dans un ruisseau qui traverse un terrain dont il dissout les sels nuisibles, elle peut être défavorable.

- L'eau stagnante, exposée au soleil et aux influences atmosphériques, tenant en décomposition des détritus végétaux et animaux, peut être impotable et très-bonne pour la végétation, à cause de l'humus végétal et animal qu'elle tient en dissolution.

- L'eau de source est celle qui sort à la surface du sol pour former des cours d'eau ou des fontaines. Ses qualités bonnes ou mauvaises dépendent des terrains qu'elle a traversés, et elle doit, par conséquent, être employée avec prudence, et toujours après avoir été exposée à l'air, ce qui la rend et moins froide et plus légère.

- L'eau de puits, qui ne dissout pas le savon, est de mauvaise qualité. Quand même elle a cette propriété, il faut toujours la tirer à l'avance et la tenir une journée à l'air avant son emploi. Elle est parfois tellement séliniteuse [1], qu'elle fait périr les plantes, et qu'il faut en rejeter l'usage si on peut s'en passer ; dans le cas contraire, on la tire à l'avance, on y mêle un peu de potasse et on l'agite vivement sous le contact de l'air. Les substances séliniteuses sont neutralisées, ou converties en sulfate de potasse qui se dépose, insoluble qu'il est dans l'eau froide.

Bouillon.

On a imaginé, pour activer la végétation, de faire macérer dans de l'eau divers fumiers, et de se servir pour arrosements du liquide ainsi chargé des parties solubles de l'engrais. C'est principalement pour les plantes en pots ou en caisses que l'on se sert de cette dissolution, qu'il faut employer avec prudence à l'égard de celles qui sont en souffrance.

Dans les jardins, l'eau des arrosements se distribue ordinairement avec des arrosoirs. Les uns sont à pommes percées de trous fins pour faire tomber l'eau en rosée, afin de ne pas tasser la terre sur le semis, et de n'en donner que la quantité suffisante ; d'autres à pommes percées de trous plus gros, pour la verser en plus grande abondance. Enfin, on a des arrosoirs à bec plus ou moins allongé, pour la porter sur les pots ou la verser au pied des plantes dont on ne veut pas mouiller les feuilles.

Nous ne dirons rien de la distribution des eaux dans les diverses parties du jardin ; on dispose, selon la situation, les conduits qui doivent la porter, et on établit, de distance en distance, des réservoirs plus ou moins simples, plus ou moins ornés, où il soit facile de puiser avec les arrosoirs. Si on ne peut obtenir de l'eau que par un puits, nous conseillerons d'y adapter un appareil pour l'en tirer, parce qu'il y a économie de temps et de peine.

Lorsque le temps est frais, on mouille le matin, vers 9 ou 10 heures, afin que la chaleur de la journée s'oppose au refroidissement qui pourrait en résulter ; s'il fait chaud, on mouille le soir pour rendre l'évaporation moins prompte. Quant aux cultures maraîchères qui, pour donner de très-bons résultats, ont besoin de beaucoup d'arrosements, on les distribue à toute heure. Dans les temps de grande sécheresse, il est quelquefois utile de secourir les arbres fruitiers, notamment ceux qui sont en espaliers ; et parmi eux le pêcher, dont la végétation est incessante, est celui qui, dans ce cas, souffre davantage. On peut, de temps en temps, selon le besoin, verser à son pied un arrosoir d'eau ; mais il faut avoir l'attention de mouiller ses feuilles avec une pompe ou seringue à pomme fine, la veille au soir, afin que l'arrosement du lendemain matin, en donnant aux racines une nouvelle activité, ne surprennent pas les feuilles qui pourraient tomber. Il est aussi très-souvent nécessaire d'arroser le feuillage des arbustes.

 

 

[1] Séléniteux, euse adj. Qui contient du sulfate de calcium : eau séléniteuse. In Nouveau Petit Larousse Illustré 1932. Note de la copiste.

 

 

Ce texte est extrait de :

Le Jardinier pratique ou Guide des amateurs dans la culture des plantes utiles et agréables contenant les jardins fruitiers, potagers et d'agrément augmenté de la composition des jardins et de la culture des plantes de serres et d'appartement par M. H. Rousselon avec la collaboration de MM. Jacquin, Bocquart, Noisette et Vibert. - Illustré de 200 gravures sur bois. - Paris : Théodore Lefèvre et Cie, [circa 1860, peut-être, je ne suis pas sûre].

 

Illustration du composteur avec la trappe inférieure retirée trouvée ICI.

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