Le Péché de gourmandise de Cos

Publié le par Ma Cocotte

Peut-être avez vous lu le texte que j'avais écrit intitulé "Péché de gourmandise" ? A la lecture de ce texte, un ami internaute, Cos, a été inspiré et a écrit une variante. Sachant que j'avais été moi-même inspirée par le texte d'une autre... J'ai grand plaisir aujourd'hui à vous faire partager le texte de Cos.

Un homme…comme tant d’autres…
Le visage reflété dans le miroir ce dimanche matin n’est pas des plus fameux…
Mal rasé, le cheveu pauvre…L’homme se rase, sans se presser…Il est vrai qu’à cette heure, il prend son temps. L’habitude de se lever tôt ! Un pâtissier ne peut se permettre de se lever tard, surtout un dimanche…

Une fois rasé et lavé comme il faut, il s’examine de nouveau dans le miroir. Le visage est toujours le même, fatigué, las…mais pourtant, à l’idée de descendre dans sa pâtisserie, ce visage si quelconque s’illumine d’un sourire….Et là, on comprend l’amour qu’il éprouve à faire son métier.

Ensuite, le rituel se poursuit, il se présente dans la cuisine, avale un café, noir, sans sucre de préférence.

A l’heure habituelle, il descend dans la pâtisserie. Car, comme tout bon pâtissier, toutes ses créations sont du jour même ! Pas question de décevoir un client avec un gâteau au goût terne.
Comme tous les jours, il s’installe et contemple ses œuvres…Les pâtes préparées la veille sont montées, il ne lui reste plus qu’à accomplir ses exploits, leur donner forme et goût.

Ce matin, il se concentre particulièrement sur la gourmandise de sa blonde à lui…Une grande amatrice du Saint Honoré.
Et, pour faire plaisir à sa blonde, il ne recule devant aucun sacrifice, il s’emploie à faire de cette pâtisserie un vrai délice pour le palais.
La pâte feuilletée est prête, la pate à choux aussi…Il lui faut maintenant préparer le caramel qui viendra se lover autour des choux et aussi sa crème, qu’il rendra légère…si légère qu’elle en sera divine.
Toute la préparation se déroule selon un plan défini depuis des années…
Et, en ce dimanche, rien ne vient l’ennuyer. Ses pâtisseries vont très vite aller orner sa devanture…
Il en réalise pour tous les goûts. De grands, pour les familles adeptes de ce dessert savoureux…mais aussi de petits, afin de satisfaire les palais qui le voudraient pour eux seuls.

Bientôt, ils sont tous prêts. Il les prend délicatement et va les déposer lui-même sur les présentoirs. Il ne se résout toujours pas à laisser une autre personne le faire.

Dans la pâtisserie, il se déplace précautionneusement, pas question du moindre faux pas ! Il se déplace comme un chat, ne fait aucun bruit, et savoure ce moment avec ses créations.

Sa blonde descend à son tour…la pâtisserie va ouvrir…Il vient de finir d’installer toutes ses gourmandises…Il se place derrière les présentoirs, et contemple encore une fois ses œuvres avant de disparaître aux yeux de tous pour aller créer encore et encore de nouveaux parfums enivrants à souhait pour le parlais.

A ce moment là, alors qu’il contemple son Saint Honoré, une femme, brune d’après ce qu’il en aperçoit, s’arrête devant la vitrine. Elle semble regarder à l’intérieur…Mais lui, de son côté, ne voit pas ses yeux…
Il se demande ce qu’elle peut bien regarder…les pâtisseries, lui…la pâtisserie dans son ensemble ?
Il ne le sait, et, au cas où elle pourrait le voir, lui envoie un sourire timide…
Peut être est elle une cliente régulière…Il ne le sait pas…Lui est toujours caché derrière ses fourneaux. Sa blonde pourrait peut être lui dire qui est cette brune…
Tout à coup, alors que son sourire est toujours accroché à ses lèvres, la brune semble sortir de sa contemplation...Il se concentre pour mieux la détailler…mais alors qu’à l’instant il aurait pu jurer voir ses lèvres entrouvertes, un masque semble s’être installé sur les traits de la jeune femme.
Ne sachant plus trop quoi faire, il se contente de rester à la fixer…Elle le regarde vraiment cette fois, lui sourit, et file à toute allure…
L’homme en reste bouche bée…Etait-elle une apparition ? Un mauvais tour de son esprit fatigué ?
Enfin, il sort de sa léthargie, et aperçoit sa blonde qui a enfilé son tablier…L’heure est proche, les clients vont arriver…ses œuvres finiront dévorées…et les sourires qui illumineront les amateurs de ses gourmandises lui réchaufferont le cœur comme depuis tant d’années.
L’homme laisse sa pâtisserie à la blonde, il s’éclipse comme tous les jours…et retourne dans les entrailles de la pâtisserie, son univers à lui…
Les heures défilent, les clients aussi…de temps à autre, il monte pour voir comment vont les choses. Les uns affichent de grands sourire en regardant les meringues, d’autres en contemplant le chocolat…certains semblent obnubilés par les religieuses, d’autres par les mille-feuilles…
Tous ces regards qui papillonnent lui donne du baume au cœur…
Vers la fin de cette journée particulièrement rude qu’est le dimanche, il monte une dernière fois.
La pâtisserie s’est vidée de ses clients…La blonde semble satisfaite. Tout a donc l’air d’être fini pour aujourd’hui.
Mais, la cloche de la porte tinte encore une fois. Un client a dû entrer avant l’heure fatale de la fermeture.
L’homme, curieux de nature, reste dans l’ombre, et regarde la scène qui va se dérouler sous ses yeux.
Sa blonde ne lance même pas un bonjour…chose qui l’étonne beaucoup…l’accueil irréprochable de sa pâtisserie est bien connu dans la rue.
Il s’étonne encore un peu plus lorsqu’il se déplace pour découvrir quel client peut bien provoquer une telle complicité avec sa blonde.
Toujours caché, il se tord le cou pour apercevoir ce client qui semble si particulier. Et là, stupeur ! La brune…il la reconnaît…c’était elle qui s’était arrêtée devant la vitrine…

Il observe la scène toujours dans le plus grand calme…osant à peine respirer…
Ni la blonde ni la brune ne parlent. Ce rituel a l’air bien rodé. Sa blonde prend un petit plateau d’argent et dirige ses pas vers un présentoir. Sa démarche est à peine assurée. On dirait qu’elle a peur de faire un faux mouvement.
Elle approche la pince d’un Saint Honoré…puis, elle fait le tour des autres. Les gestes sont lents, comme si elle cherchait lequel choisir. Elle passe doucement au dessus de l’un, puis de l’autre…le temps semble s’être arrêté.
Puis, il entend comme un chuchotis, et sa blonde jette son dévolu sur un des petit Saint Honoré…
Elle en approche tout doucement les pinces…le saisit délicatement...ses gestes sont nets, précis, et cependant, l’espèce de tension dans la pâtisserie reste palpable. Une fois l’objet des désirs de la brune posé sur le petit plateau, la tension baisse d’un cran.
Puis, lorsque la blonde le dépose dans sa toute petite boite, l’atmosphère redevient celle d’une petite pâtisserie de quartier.
Le bruit des pièces déposées sur le comptoir rappelle à la réalité le petit homme…Il ouvre de grands yeux…la porte vient de se refermer…
Aucun mot échangé…
Encore étonné de ce qui vient de se passer, il ne pipe mot lui-même, et s’en retourne vers son atelier…
L’image de la blonde et de la brune qui, sans se parler, semblaient se comprendre, le laisse un peu pantois…mais il n’en continue pas moins de se remettre au travail afin de ne pas décevoir les clients du lendemain.

(avec un grand merci à Ma Cocotte et alors pour m'avoir donné l'idée =D)

Publié dans Nouvelles

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